L’histoire du château Laurens est incroyable ; à tel point qu’on peut penser qu’elle provient de l’imagination d’Alexandre Dumas. Emmanuel Laurens lui aurait surement inspiré de nombreuses aventures. Né en 1873 dans une famille bourgeoise, ce dernier va se passionner très vite pour les voyages. Alors qu’il parcourt le monde, il hérite à 24 ans de l’immense fortune d’un lointain cousin, puis de celle de son père qui meurt la même année et qui lui lègue en plus un terrain à Agde.
Malgré une méconnaissance totale du métier d’architecte, il décide de dessiner lui-même les plans de la future villa qu’il va construire sur ce terrain en s’inspirant du courant « art nouveau ». Il souhaite que sa villa devienne une sorte d’œuvre d’art en elle-même où se conjuguent architecture, décor, mobilier et art de vivre. Chaque pièce lui rappelle un de ses voyages (pièce japonaise, patio italien, salle mauresque, etc.…). Des artistes marqués par le courant Art Nouveau comme le peintre Eugène Dufour, le décorateur Léon Cauvy, ou l’artiste Eugène Simas s’occupent de décorer la villa. En 1920, il épouse la cantatrice Louise blot et lui fait construire un salon de musique avec un dôme comme une chapelle pour que sa voix soit mise en valeur. Emmanuel Laurens mène alors grand train avec sa famille et ses amis pendant des décennies.
Mais des dépenses fastueuses et des investissements hasardeux épuisent sa fortune, et il se retrouve obligé de vendre le château en viager en 1938. Il vit alors chichement dans une petite dépendance de la villa avec sa mère et sa femme. Pendant la seconde guerre mondiale, le château est occupé par les allemands ; on dit qu’Emmanuel Laurens préfère couler de nombreux meubles et objets dans le lac pour que les nazis ne puissent pas les récupérer. Devenu dépendant à l’opium, Emmanuel Laurens n’a plus aucune ressource. Sa femme meurt en 1954, il la suit en 1959 alors qu’il vit dans les rues d’Agde comme un vagabond.
Tombé dans l’oubli, le château Laurens est fortement endommagé après toutes ces années laissé à l’abandon. Il fut racheté par la ville en 1994 ; puis la Communauté d’agglomération Hérault Méditerranée Occitanie décidât de lui redonner une deuxième vie en la rénovant entièrement et en l’ouvrant au public en 2020. Peut-être que la villa nous révèlera de nouveaux secrets sur son histoire !