Curieuse histoire que celle de Buzludzha, OVNI perché à plus de 1 400 mètres d’altitude au sommet du mont éponyme. Inauguré en 1981, l’œuvre de l’architecte Guéorguy Stoilov est perdue quelque part en plein centre de la Bulgarie et demeure encore aujourd’hui une anomalie architecturale unique ainsi que le symbole d’une époque révolue.
Conçu à l’origine pour devenir la salle de congrès du parti communiste (elle ne servit qu’en de rares occasions), sa construction fut en outre motivée par le souhait de commémorer la création du mouvement socialiste. Car c’est en effet à Shipka, petite bourgade des environs, que les fondateurs du parti socialiste se réunirent en secret pour la première fois pour poser les bases du mouvement. La construction de Buzludzha accapara plus de 6 000 travailleurs pendant 7 ans et coûta la modique somme de 7 millions d’euros dont le financement incomba bien entendu en grande partie au peuple bulgare. Le décor intérieur comptait de sublimes fresques et mosaïques dessinées par les plus grands peintres et sculpteurs du pays; et où figurait les grands thèmes chers aux soviétiques (révolution rouge, lutte du peuple, famille, et même conquête spatiale). On trouvait aussi au dessus de l’auditorium une gigantesque coupole recouverte par plus de 30 tonnes de cuivre et arborant fièrement le marteau et la faucille communiste accompagnés du slogan « Prolétaires de tous les pays, unissez vous ! ». Ce qu’ils firent quelques temps plus tard, mais dans un tout autre but que celui auquel pensait Marx quand il l’a prononcé.
Suite à la chute du communisme en 1989, le monument se retrouva abandonné et en proie aux pillards de tout genre. Peu reconnaissant des « bienfaits » du communisme, ses derniers s’unirent donc, mais surtout pour voler en l’espace d’une nuit tout le cuivre présent dans le bâtiment. Ils en profitèrent au passage pour détruire la mosaïque de leur ancien leader: « Todor Jivkov » en guise de remerciement mais épargnèrent bizarrement les autres dirigeants historiques. Depuis, Buzludzha se dégrade lentement mais surement en raison des intempéries et du vandalisme.
Devenu un lieu de pèlerinage autant pour les photographes aventuriers que pour les nostalgiques de Staline, cet étrange vaisseau spatial continue de trôner sur sa montagne comme s’il allait bientôt décoller, nous laissant méditer sur cette phrase que prononça le premier ministre bulgare au moment de céder le bâtiment au parti socialiste bulgare en 2011: « Un pays qui ne respecte pas son passé et ses symboles n’a pas d’avenir ».